Français, une langue animale (expressions avec des animaux)

Jean d’Ormesson a un écrit un billet d’humour intitulé « le français, une langue animale » pour illustrer le fait que «les termes empruntés au monde animal ne se retrouvent pas seulement dans les Fables de la Fontaine, ils sont partout.» En effet, de nombreuses expressions de la langue française font référence à des animaux, à ce qui les caractérise à tord ou à raison. Formules courtes métaphoriques, elles ne manquent pas d’humour, d’auto-dérision voire d’impertinence.

Expression / signification
au chant du coq : au point du jour
avancer comme un escargot : avancer lentement
avoir des mollets de coq : avoir des petits mollets aplatis, maigres
avoir du chien : avoir du charme, de l’attrait
avoir la chair de poule : avoir froid
avoir mangé du lion : se montrer combatif, énergique
avoir un appétit de moineau : manger peu, comme un moineau tout frêle
avoir un caractère de chien : avoir mauvais caractère
avoir un chat dans la gorge : être enroué
avoir un estomac d’autruche : digérer n’importe quoi
avoir un mal de chien : avoir beaucoup de difficultés
avoir une faim de loup : avoir très faim
avoir une mémoire d’éléphant : avoir une mémoire exceptionnelle
courir comme un zèbre : courir vite
courir deux lièvres à la fois : poursuivre simultanément deux objectifs
crier au loup : avertir d’un danger, souvent en exagérant son importance
crier haro sur le baudet : dénoncer à l’indignation de tous
se regarder en chien de faïence : se regarder sans rien dire, avec un peu de méfiance
avoir des yeux d’aigle : avoir des yeux perçants
devenir chèvre  : être stressé et paralysé par des demandes répétées et contradictoires
donner des noms d’oiseau : insulter
être doux comme un agneau : se dit d’une personne ne manifestant aucune violence ni agressivité, prête à se sacrifier
écouter le chant des sirènes : se laisser charmer, séduire
entre chien et loup : à ce moment indéfini où il ne fait déjà plus jour et pas encore nuit
être chargé comme un baudet : être très chargé
être comme un coq en pâte : être choyé, dorloté
être comme un oiseau sur sa branche : être dans une position fragile et instable
être comme un poisson dans l’eau : être très à l’aise et se sentir dans son élément
être connu comme le loup blanc : s’être fait remarquer
être doux comme un agneau : être sage, être gentil, être très doux comme la laine
être excité comme une puce : bouger partout, sauter, courir
être fier comme un paon : être fier d’une manière ostentatoire et risible
être fort comme un bœuf : être très fort
être gras comme un porc : être tout gros, tout rond, avec un gros ventre
être le bouc émissaire : être la personne sur laquelle on fait retomber tous les torts de la communauté et qui doit réparation au nom de tous les autres
être malin comme un singe : être très malin
être myope comme une taupe : ne rien y voir de loin
être nu comme un ver : être nu comme le ver qui n’a rien sur lui
être rusé comme un renard : être très rusé
être serrés comme des sardines : être comme les sardines dans la boîte, on ne peut plus bouger
être têtu comme une mule : être très têtu
être un poule mouillée : trembler de peur comme la poule mouillée tremble de froid
être une fine mouche : être rusé, subtil
être une langue de vipère : être médisant
faire l’autruche : se voiler la vérité comme l’autruche qui se cache la tête en pensant ne pas être vue
faire le pied de grue : attendre longtemps
faire tourner en bourrique :  embêter, faire enrager
hurler avec les loups : être cruel, injuste, pour ne pas déplaire à d’autres, par bassesse, par conformisme
faire un froid de canard : faire très froid
le mouton à cinq pattes : personne ou chose extrêmement rare 
lettre d’un corbeau : un corbeau est un auteur de lettres anonymes
manger comme un cochon : manger salement
marcher comme un ou en crabe : avancer sur le côté, pas droit
ménager la chèvre et le chou : ménager les deux camps et ne pas prendre parti
mettre la charrue avant les bœufs : sauter les étapes
monter sur ses grands chevaux : se vexer et s’emporter, prendre de haut
un mouton noir : une personne gênante ou indésirable dans un groupe
payer en monnaie de singe : récompenser ou payer par de belles paroles, des promesses creuses
pleuvoir comme vache qui pisse  : pleuvoir énormément
poser un lapin : ne pas venir à un rendez-vous qu’on a fixé à quelqu’un
prendre la mouche  :  se vexer
prendre le taureau par les cornes : prendre les devants, s’attaquer à un sujet
puer comme un bouc : sentir mauvais 
ramener la brebis égarée : faire entendre raison à celui qui s’écarte de la règle commune et le ramener dans le droit chemin
réchauffer un serpent dans son sein : aider un traître, un ingrat
répéter comme un perroquet : répéter machinalement sans réflexion ni intelligence
revenir à ses moutons : revenir au sujet principal de sa conversation
s’entendre comme chien et chat : se disputer sans cesse
sauter du coq à l’âne : passer d’un sujet de conversation à un autre sans transition ni motif
se coucher avec les poules : se coucher très tôt
se jeter dans la gueule du loup : tomber dans un piège
se tailler la part du lion : prendre la part la plus grosse
avoir un appétit d’oiseau : avoir un tout petit appétit
un cheval de bataille : un sujet à défendre, un domaine de prédilection
un drôle d’oiseau : un drôle d’individu
un grand cheval : une femme de grande taille et d’allure masculine
un ours mal léché : personnage grossier, mal élevé, rustre
un temps de chien : un temps détestable
une cervelle d’oiseau : un esprit faible, instable
une vieille chouette : une femme acariâtre
 

«Myope comme une taupe», «rusé comme un renard» «serrés comme des sardines»… les termes empruntés au monde animal ne se retrouvent pas seulement dans les fables de La Fontaine, ils sont partout.
La preuve : que vous soyez fier comme un coq, fort comme un bœuf, têtu comme un âne, malin comme un singe ou simplement un chaud lapin, vous êtes tous, un jour ou l’autre, devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche.
Vous arrivez à votre premier rendez-vous fier comme un paon et frais comme un gardon et là, … pas un chat! Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin.
Il y a anguille sous roche et pourtant le bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard, la tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon, vous l’a certifié: cette poule a du chien, une vraie panthère! C’est sûr, vous serez un crapaud mort d’amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien.
Vous êtes prêt à gueuler comme un putois quand finalement la fine mouche arrive. Bon, vous vous dites que dix minutes de retard, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris, malgré son cou de cygne et sa crinière de lion est en fait aussi plate qu’une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine. Une vraie peau de vache, quoi! Et vous, vous êtes fait comme un rat.
Vous roulez des yeux de merlan frit, vous êtes rouge comme une écrevisse, mais vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du coq à l’âne et finissez par noyer le poisson. Vous avez le cafard, l’envie vous prend de pleurer comme un veau (ou de verser des larmes de crocodile, c’est selon). Vous finissez par prendre le taureau par les cornes et vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre.
Ce n’est pas que vous êtes une poule mouillée, vous ne voulez pas être le dindon de la farce. Vous avez beau être doux comme un agneau sous vos airs d’ours mal léché, faut pas vous prendre pour un pigeon car vous pourriez devenir le loup dans la bergerie.
Et puis, cela aurait servi à quoi de se regarder comme des chiens de faïence. Après tout, revenons à nos moutons: vous avez maintenant une faim de loup, l’envie de dormir comme un loir et surtout vous avez d’autres chats à fouetter.

Jean d’Ormesson

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