« Aller à vau-l’eau » : origine et significations

Remontant au XIIe siècle, la locution « Aller à vau-l’eau » a connu avec le temps un glissement de sens progressif passant de « suivre le cours de l’eau » à « être emporté par le courant sans pouvoir le maîtriser » jusqu’à « aller irrémédiablement à sa perte ».

Sa signification

La locution « à vau-l’eau » signifie

  • En propre : en suivant le fil ou le cours de l’eau, au fil de l’eau, au gré du courant.
  • Au figuré : au gré du hasard, à l’abandon, à la dérive.
  • De façon poétique : dérive ; cours des choses qu’on ne parvient plus à contrôler.

L’expression «  aller à vau-l’eau » a conservé les deux sens  :

  • Aller au fil de l’eau, descendre le long de l’eau, suivre le courant.
  • Partir à la dérive, péricliter, aller en se dégradant, aller sans contrôle, se détériorer peu à peu ou aller à sa perte.

Son origine

Au XIIe siècle, un « vau » est une vallée. (« Par monts et par vaux » expression de la même époque). « Aller à val » ou « à vau » signifie « descendre le long, en suivant la pente de », « aller vers l’aval ». En ajoutant l’eau,  cela prend le sens de « descendre le val ou la vallée en suivant le fil de l’eau. »

Au moins jusqu’au milieu du XVIe, cette locution, utilisée entre autres par Rabelais en 1552 dans Le Quart Livre et Montaigne, en 1580 dans ses Essais avait le sens très concret de « suivre le fil de l’eau » au creux d’une vallée.

C’est à partir du XVIIe siècle que l’expression va prendre un sens figuré : quelque chose qui part ou va « à vau-l’eau » est quelque chose qui est « emporté par le courant sans que l’on puisse le maîtriser ».

L’expression prit le sens d’un projet humain incontrôlable, qui marche mal et dont les perspectives sont sombres.

On utilisait également l’expression « à val de route » (qui deviendra « en déroute ») pour exprimer l’idée de déroute absolue. Avec le temps « à vau-l’eau » a pris un sens plus large et s’est mit à englober cette dernière idée. 

« À vau-le-feu » et « à vau l’ombre », un temps utilisées, ont disparu depuis.

Quelques équivalents en langue étrangère :

  • Allemagne : descendre le ruisseau (Den Bach runtergehen).
  • Angleterre : aller à la ruine (To go to rack and ruin);
  • Argentine : Marcher sur la corde paresseuse (Caminar por la cuerda floja).
  • Espagne : aller les eaux en bas (Ir aguas abajo).Roumanie: aller dans l’eau de samedi (A se duce pe apa Sâmbetei).

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