Expressions issues de l’armée et de la guerre

Le continent européen ayant été en guerre durant de nombreux siècles, nombre d’expressions de la langue française sont tirées du vocabulaire ou de l’activité militaire, de situations de conflit ou de guerre passés dans le langage courant au sens figuré.

ExpressionsSignification
À bâtons rompusSans suite, avec de nombreuses interruptions au sujet d’une conversation (en référence à la batterie de tambour à bâtons rompus, exécutée en donnant deux coups de suite avec chaque baguette produisant un son différent du roulement habituel)
À la guerre comme à la guerreÊtre fataliste et s’accommoder au temps, aux circonstances, quelque fâcheuses qu’elles puissent être
À visage découvertSans masque.Sans rien cacher, franchement (chevaliers combattant le visage protégé et caché sous un casque muni d’une visière relevée)
Avoir les cheveux en batailleAvoir les cheveux en désordre
Avoir quelqu’un dans le collimateurSurveiller étroitement quelqu’un ; attendre le moment propice pour l’attaquer (collimateur partie d’une arme permettant de viser la cible)
Avoir son bâton de maréchalÊtre arrivé la plus haute situation à laquelle on puisse prétendre ; être couronné du succès que l’on attendait (rêve de tout militaire au XIXe siècle d’accéder au grade le plus haut d’amiral)
Battre la chamadeSe dit surtout d’un cœur qui palpite témoignant d’un affolement, d’une angoisse ou d’une émotion trop vive (signal donné au tambour ou à la trompette par les assiégés pour montrer leur intention de se rendre ou de parlementer)
Cueillir des lauriersRemporter des victoires (en référence aux couronnes de laurier remises aux vainqueurs)
De bonne guerreConformément aux usages, sans traîtrise
De but en blancBrusquement, sans détour ni précaution (dans l’art du tir, le but, ou butte, était l’endroit d’où l’on tirait et le blanc, la cible)
De guerre lasseEn cessant de résister, par lassitude
De la chair à canonDes hommes voués à la mort (expression de Napoléon, parlant de ses troupes vouées à la mort)
Déterrer, enterrer la hache de guerreEngager les hostilités, interrompre les hostilités
Être sur le sentier de la guerreÊtre prêt à déclarer la guerre à l’ennemi, prêt à l’affronter
Faire flèche de tout boisMettre tout en œuvre pour réussir
Faire le marioleFaire l’intéressant, faire des choses inhabituelles pour se donner en spectacle
Faire long feuNe pas produire l’effet attendu, échouer / Traîner en longueur pour finalement ne jamais se réaliser (lorsque la poudre, trop humide, se consumait trop lentement pour déclencher l’explosion)
Fausser compagnieQuitter discrètement
Foncer tête baisséeFoncer sans redouter les coups, sans crainte du danger (guerriers de l’Antiquité et du Moyen Âge coiffés d’un casque à visière fonçant tête baissée pour se protéger le visage des coups d’épée)
Foudre de guerreChef militaire aux victoires éclatantes
Gagner ses éperonsPrendre du galon, gagner une situation plus élevée (allusion aux éperons de parade donnés aux nouveaux chevaliers)
Guerre d’usureConflit dans lequel on tente d’user l’adversaire pour l’amener à renoncer par lassitude.
Guerre de clocher(s)Différend entre des organisations, notamment sur des questions de juridiction à portée locale/ dispute portant sur une question sans grand intérêt
Guerre de tranchéesGuerre dans laquelle le front est jalonné par une ligne continue de tranchées que chacun des deux adversaires tente de percer / conflit, vif désaccord, où les adversaires ne démordent pas de leur opinion
Guerre des nerfsMéthode de guerre tendant à briser la résistance nerveuse de l’adversaire
Guerre intestineCivile
La corde au couComplètement à la merci de quelqu’un / Dans une situation difficile, désespérée (renvoie à l’image du vaincu qui se rend et à celle du condamné que l’on va pendre)
Le nerf de la guerreL’argent
Machine de guerreDans l’Antiquité et au Moyen Âge, arme de défense et d’attaque, existant avant l’invention de la poudre à canon (baliste, bélier, catapulte, etc.)/engin de guerre
Mettre à piedDestituer, renvoyer (punition infligée à un cavalier en le destituant de son cheval pendant plusieurs jours ou semaines)
Passer l’arme à gaucheMourir (dans le maniement des armes, l’arme positionnée à gauche signifiait « repos »)
Prendre la poudre d’escampetteS’enfuir à toutes jambes, filer (association de la poudre jaillissant du canon et le terme escampette, diminutif de escampe, du verbe escamper (fuir), apparu au XIVe siècle)
Sans tambour ni trompetteDiscrètement, sans faire de bruit
Sur le pied de guerrePrêt à combattre, en parlant d’une armée/prêt à agir
Tailler des croupières à quelqu’unLe mettre en fuite / faire obstacle à quelqu’un, lui occasionner des difficultés (faire fuir son adversaire et le suivre d’assez prêt pour tailler la croupière de son cheval c’est-à-dire couper la longe de cuir qui passe sous la queue du cheval et empêche la selle de glisser)
Tirer à boulet rougeAttaquer violemment en paroles (en référence au boulet rougi au feu qu’on chargeait dans le canon afin d’incendier les lieux lors de sa chute)
Tirer au flancÉviter le travail (en référence au corps d’armée composé d’un front où se passe l’essentiel du combat, et de flancs généralement moins périlleux)
Tomber des hallebardesPleuvoir très fort, à verse (une hallebarde est une arme à longue hampe, munie d’un fer tranchant et pointu et de deux fers latéraux, l’un en forme de croissant, l’autre en forme de pointe)
Trésor de guerreRéserve monétaire constituée par un État pour subvenir aux dépenses occasionnées par une guerre ou réserve d’argent destinée à faire face à certaines dépenses inattendues
Un rhume carabinéUn rhume brusque et violent (du verbe « carabiner » désignant une manifestation soudaine)
Un vieux de la vieilleUn vétéran, une personne d’expérience dans une profession ou un domaine en particulier (vieux soldats de la vieille garde en référence aux anciens de la Garde impériale)
Une guerre sainteGuerre menée au nom de la foi
Va-t-en-guerreBelliciste

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