Œil pour œil, dent pour dent : signification et origine

« Œil pour œil, dent pour dent » est un axiome de justice rétributive, qui récompense ou châtie selon la valeur des actes, sans tenir compte des circonstances. Ayant un objectif initial de proportionnalité de la punition au crime et de respect de l’ordre, cette expression a pris une connotation négative associée à de la vengeance brutale.

Sa signification :

Principe de vengeance systématique, le coupable subissant le même dommage que celui qu’il a fait subir à sa victime.

Son histoire :

Également connue sous le nom de Loi du Talion (dérivée de l’adjectif latin « talis » signifiant « tel » ou « pareil »), ses premières traces écrites remontent au code pénal d’Hammourabi, septième prince de la dynastie de Babylone, ayant régné entre 1792 et 1750 avant J-C, qui exerçait son pouvoir selon le précepte suivant : « Si quelqu’un a crevé l’œil d’un homme libre, on lui crèvera l’œil, si quelqu’un a cassé une dent d’un homme libre, on lui cassera une dent ». Cette loi permet d’éviter que les personnes fassent justice elles-mêmes et introduit un début d’ordre dans la société en ce qui concerne le traitement des crimes.

Il se peut que la loi du talion ait pour but de lutter contre une escalade de la violence individuelle en limitant celle-ci au niveau de la violence subie. La notion contemporaine de légitime défense procède du même esprit postulant que toute riposte soit proportionnée à l’attaque. On retrouve cette formule dans l’Ancien Testament :


« Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » (Exode 21,23-25).
« Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort. S’il frappe à mort un animal, il le remplacera – vie pour vie. Si un homme provoque une infirmité chez un compatriote, on lui fera ce qu’il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent; on provoquera chez lui la même infirmité qu’il a provoqué chez l’autre » (Lévitique, 9,17-22)

Dans le sens courant, cette locution est prise dans le sens d’une justice impitoyable, alors que les commentateurs de la Bible insistent sur le sens modérateur qu’avait l’expression en contexte : il s’agissait de limiter la portée de la vengeance, de fonder une proportionnalité des peines, par opposition à la coutume précédente : « Caïn sera vengé sept fois, et Lémec soixante-dix-sept fois. » (Ge 4:24).

En revanche, dans le Nouveau Testament, Jésus remet en cause cette notion de peine ou de souffrance égale à celle endurée, en appelant à pardonner et en prônant la non violence :

« Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil et dent pour dent. Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. A qui te demande, donne; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos. » (Matthieu 5,38-42).

L’abolition de la loi du Talion commence à partir de ce moment, le Christ affirmant qu’il ne faut pas rendre le mal par le mal mais montrer à celui qui veut faire le mal que le bien existe.

Son utilisation actuelle

De nos jours, cette expression a pris une connotation péjorative de vengeance aveugle, réciproque et systématique, sans faire appel à la Justice. Dans les sociétés démocratiques où l’on s’en remet à la Justice, des peines de réclusion et/ou de réparation financière graduées, proportionnelles aux dommages subis par la victime sont privilégiées.

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