Titre d’un ouvrage d’Alain Juppé publié en 1993, l’expression « la tentation de Venise » s’applique aux personnages publics, en particulier les hommes et femmes politiques, tentés par l’abandon de la vie publique trop contraignante, stressante et souvent superficielle.

Signification :

• pour un personnage public (hommes ou femmes politiques en particulier), passer de la lumière ou de la notoriété à l’ombre pour s’y épanouir en s’adonnant à des activités moins contraignantes et plus essentielles;
• tentation de se consacrer à autre chose, de changer de vie.

Origine :

La « tentation de Venise » est le titre d’un livre d’Alain Juppé publié en 1993 écrit durant une traversée du désert avant de devenir ministre des Affaires Étrangères dans le gouvernement de cohabitation d’Édouard Balladur sous la présidence de François Mitterrand.

Dans ce livre, Alain Juppé consigne ses convictions, fait des portraits, se remémore de choses vues ou souvenues, mais aussi, et surtout, confie ses interrogations : qu’en est-il, aujourd’hui, de la politique ? Mérite-t-elle qu’on lui consacre sa vie ? N’est-elle pas moins importante que l’art, ou l’amour, ou la beauté ? Se rendant souvent à Venise afin de réapprendre à respirer et à s’apaiser; dans cette ville, mieux qu’ailleurs, il mesure les limites et les insuffisances de sa propre vie. D’où la tentation de s’y replier définitivement et d’y oublier la violence psychologique de la vie politique.

Il est vrai que la ville de Venise, ville des écrivains et des amoureux, symbolise tout autant le mystère, la lenteur, l’amour et la beauté. Lieu de tous les enchantements et de tous les possibles, elle est aussi une ville en déclin où nostalgie et mélancolie sont omniprésents. Cela est bien décrit par Thomas Mann dans son ouvrage « La mort à Venise ». Cette connotation nostalgique est présente dans l’expression « la tentation de Venise ». On est tenté par changer de vie mais, ce rêve semble plus proche d’une aspiration romantique que d’un souhait réalisable.

L’expression :

L’expression « la tentation de Venise » s’applique depuis aux personnes publiques fortement exposées, en particulier les hommes et femmes politiques, qui envisagent de passer de la lumière ou de la notoriété à l’ombre pour s’y épanouir et s’adonner temporairement ou définitivement à des activités moins contraignantes, stressantes et souvent superficielles que celles imposées par la vie publique.
Dans un sens plus large, elle indique un souhait de changement de vie, qu’il soit professionnel et/ou personnel.