faire l'école buissonnière

« Faire l’école buissonnière » : origine et signification

Faisant allusion aux escapades des écoliers de village qui, au lieu d’aller à l’école, allaient courir les champs et chercher les nids dans les haies et les buissons, l’expression « faire l’école buissonnière » avait une signification quelque peu différente à l’origine.

Signification :

  • au lieu de se rendre à l’école, aller se promener / vagabonder / flâner / s’amuser.

Origine :

Au Moyen-Âge, l’éducation était assurée par l’Église et ne concernait que quelques clercs et moines, jeunes élèves issus de familles aisées. Elle consistait à enseigner le chant des psaumes, la science des compte, la grammaire et la lecture. Reconnaissant que « le défaut d’écoles avait presque fait perdre l’intelligence des saintes Écritures », le concile de Tulle de 859 décida de créer de nouvelles écoles dans chaque paroisse et quartier. À la fin du IXe siècle, s’ouvrit à Paris une première école publique, en dehors de la cathédrale et des monastères, accueillant des enfants pas forcément destinés à la vie sacerdotale. Le nombre de ces écoles ne cessa d’augmenter par la suite. Elle furent appelées petites écoles, nom qu’elles conserveront jusqu’à la Révolution Française (devenant ensuite les « écoles primaires » ou « élémentaires »). À Paris, une grande partie des petites écoles était sous la responsabilité du chantre de Notre-Dame de Paris, haut dignitaire du chapitre désigné par l’évêque, présidant au chant dans les églises cathédrales et les collégiales et chargé de la direction des écoles épiscopales, abbatiales et des petites écoles. Définissant le nombre d’écoles et d’élèves, nommant les enseignants, il s’assurait que les règles de vie et le contenu de l’enseignement étaient respectés… Exerçant une sorte de « pouvoir absolu » ou « souverain » sur les petites écoles, il imposa notamment aux maîtres et maîtresses un impôt de 2% sur leur revenu. Pour éviter cette impôt, certains commencèrent à enseigner en cachette, dans des lieux tenus secrets ou éloignés, dans les champs, les forêts, cachés derrière des buissons. On parla alors d’écoles buissonnières.

Par ailleurs, Clément Marot fait allusion à « l’école buissonnière » dans l’épître intitulé « du coq à l’âne » au sujet des prélats qui avaient refusé de se rendre au concile de Pavie du fait de la peste qui la frappait:

« Vray est qu’elle fust buissonnière, l’escolle de ceux de Pavie » L’Adolescence clémentine, épître IX, 1532-1538.

Au XVIe siècle, pour contrôler l’expansion du protestantisme des dispositions furent adoptées « de nature à maintenir le clergé dans sa prérogative scolaire et à empêcher les nouveaux religionnaires de propager leurs doctrines au moyen des écoles qu’ils s’efforçaient d’ouvrir » d’après Pierre Philibert Pompée. Les familles protestantes furent obligées d’envoyer leurs enfants au catéchisme catholique jusqu’à l’âge de 14 ans. Menacés « de mort, de galère, de confiscation, de prison et d’amende », les disciples de Luther se cachèrent alors pour prêcher, enseigner et pratiquer leur religion. Ils créèrent ainsi des écoles clandestines cachées dans la Nature appelées des buissonnières.

L’expression :

Signifiant à l’origine « étudier dans une école cachée en pleine nature », l’expression « faire l’école buissonnière » va prendre un sens différent.

Sa signification actuelle apparue au début du XIXe siècle semble dériver du verbe ‘buissonner’. Issu de l’ancien français « boissonner », ce terme utilisé en vénerie voulait dire, s’agissant d’un chien de chasse, « aller dans les buissons ».

De façon métaphorique, l’expression « faire l’école buissonnière » va prendre le sens de « marcher ou de partir à l’aventure, en pleine nature » avec une connotation sympathique voire positive (apprendre l’école de la vie, partir à l’aventure au lieu de subir l’enseignement scolaire déconnecté des réalités de l’Éducation nationale).

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