sentir passer le vent du boulet

« Sentir (passer) le vent du boulet » : origine et signification

Dérivée d’une notion appartenant au langage militaire « le vent du boulet », la locution « sentir(passer) le vent du boulet » désigne l’évitement d’un danger plus ou moins grave avec des conséquences psychiques plus ou moins fortes.

Signification :

  • sentir le danger qui approche, pressenti ou voir venir un échec, un insuccès;
  • se sauver in extremis d’un grand péril, échapper de peu à un danger ou une déconvenue.

Origine :

À l’origine dans le jargon militaire, en particulier celui de l’infanterie, « le vent du boulet » désigne à la fois :

  • la différence entre le diamètre du projectile et le calibre du canon. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ce jeu était assez grand, diminuant la précision du tir et usant rapidement le canon, pouvant mener à l’éclatement du tube. La standardisation des calibres, une plus grande régularité de la taille ou de la fonte des boulets, et l’alésage des tubes ont permis de réduire de plus d’un centimètre à quelques millimètres cet espace. Il a disparu avec l’introduction des canons à âmes rayées.
  • l’effet de souffle, l’onde de choc, accompagnant l’explosion d’un projectile, pouvant entraîner des effets physiques (destruction d’organes internes) ou/et moraux (choc émotionnel), même si la personne n’a pas été atteinte directement par les éclats ou les projections. Cet effet de stupeur de personnes physiquement saines et sauves effleurées par le souffle de projectiles mortels fut appelé par les chirurgiens Dominique Larrey et Pierre-François Percy et Ambroise Paré « syndrome du vent du boulet ». Les guerres de la Révolution française (1792–1802) et les guerres napoléoniennes (1803–1815) ont laissé de nombreux soldats en état de sidération psychique. Lors de la Première guerre mondiale, ces névroses post-traumatiques (hantise du souffle des obus troublant les nuits des intéressés) étaient souvent considérées par le commandement militaire comme des faiblesses morales, des actes de trahison ou de désertion, pouvant conduire à l’exécution. Ce syndrome documenté à l’origine par les psychiatres militaires est aussi appelé à présent « stress post-traumatique ». Le concept de vent du boulet concerne aujourd’hui l’ensemble des victimes directes, témoins ou personnes non présentes sur la scène de traumatisme, atteintes par ce trouble.

L’expression :

De nos jours, l’expression « sentir (passer) le vent du boulet » est employée soit :

  • dans le sens de sentir la proximité immédiate d’un risque mortel;
  • ou, de façon atténuée, pour évoquer l’exposition à un risque plus ou moins grave qui aurait pu mal tourner et dont on vient de réchapper.

Même si l’évènement à risque a été évité, il a pu provoquer un stress intense, une peur rétrospective ou un effet de soulagement laissant une empreinte psychique plus ou moins perturbante par la suite.

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