monter sur ses grands chevaux

« Monter sur ses grands chevaux » : origine et signification

Issue de la chevalerie et de la noblesse, l’expression « monter sur ses grands chevaux » fait à préent référence à une parole ou un comportement excessif, à de l’emportement hautain et agressif.

Signification :

  • S’emporter très vite en haussant le ton, menacer, se mettre en colère;
  • Être à cheval sur les principes, y tenir rigoureusement;
  • Prendre les choses avec hauteur, montrer de la sévérité dans ses paroles.

Origine :

Au Moyen-Âge, les chevaux utilisés à la guerre, les « chevaux de bataille », étaient appelés « destriers » , terme dérivé du latin dextra (signifiant « droite »). En effet, une règle de chevalerie exigeait que l’écuyer tienne son propre cheval de la main gauche tout en menant le destrier de son maître avec la main droite lorsque celui-ci ne livrait pas bataille. Forts et de grande taille, ces chevaux permettaient d’avoir une meilleure vision du champ de bataille et de dominer l’adversaire.

Par ailleurs, au XVIe siècle, la mode italienne de souliers à hauts talons de couleur rouge surnommés “grands chevaux” se répandit à toute la noblesse européenne, dont les courtisans à Versailles. Au début du XVIIIe siècle, en référence à ces chaussures, le nom de “Grands chevaux de Lorraine” fut donné à quatre anciennes familles de rang élevé fréquentant la cour de Lunéville et celui de “Petits chevaux” aux autres familles de nobles qui ambitionnaient de les rejoindre. La locution « monter sur ses souliers » existant déjà à cette époque, l’expression « monter sur ses grands chevaux » pourrait faire référence au port de ces chaussures à talons hauts procurant hauteur au sens propre comme figuré.

L’expression :

Selon la première hypothèse, « monter sur ses grands chevaux » signifiait, s’agissant de chevaliers, partir au combat avec fougue et ardeur en chevauchant des montures imposantes ou selon la deuxième hypothèse, porter de hauts souliers réservés à la noblesse et faire montre de prestance et de noblesse.

Depuis le XVIe siècle, l’on dit d’une personne qu’elle « monte sur ses grands chevaux » lorsqu’elle s’emporte et devient parfois agressive en tentant de défendre son point de vue.

Le premier auteur à avoir employé l’expression dans ce sens semble être Montaigne au chapitre XII du troisième livre des Essais, intitulé « De la phisionomie ». Opposant Socrate et Caton, Montaigne écrit à propos de celui-ci : « en Caton, on void bien à clair que c’est une alleure tenduë bien loing au dessus des communes ; aux braves exploits de sa vie, et en sa mort, on le sent tousjours monté sur ses grands chevaux. »
Quant au dictionnaire de l’Académie, il reconnaît le sens actuel dès son édition de 1694, reprenant le sens donné par Richelet et Furetière, celui de « traiter avec des termes magnifiques un sujet qui ne doit pas estre traité que simplement ».

Avec le temps, cette connotation péjorative va s’affirmer dans le sens de se défendre ou de s’emporter facilement avec excès et de façon hautaine à une attaque verbale voire une mise en cause ou un simple reporche.

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