« Sans coup férir » : origine et signification

D’usage plutôt littéraire, l’expression « sans coup férir » a connu avec le temps un glissement de sens, du sens propre d’inspiration guerrière au sens figuré indiquant l’absence de résistance ou de difficultés lors de l’accomplissement d’une action.

Sa signification

  • Sens propre : sans frapper un coup, sans combattre
  • Sens figuré : sans rencontrer de résistance, sans avoir à fournir un effort, avec facilité, sans difficulté

Son origine

Cette expression est composée de « sans coup » et du verbe défectif « férir », termes guerriers à l’origine.

En effet, le verbe « férir » vient du latin « ferire » signifiant « frapper », « donner un coup » lors d’un combat. L’expression « sans coup férir » a fait son apparition au début du XIIIè siècle notamment dans le roman de chevalerie Le Lancelot-Graal, série de cinq œuvres en prose française du Moyen Âge, centrées sur le roman de Lancelot . Elle signifiait « sans porter de coup ».

Au XIIè siècle, le verbe « férir » au sens propre guerrier s’est enrichi d’un sens figuré signifiant « rendre amoureux », « frapper au cœur ». Dans son dictionnaire universel de 1690, Antoine Furetière indique que « être féru de quelqu’un », c’est en « être amoureux ».

Un abandon de l’usage du verbe « férir » et un glissement de sens

Au XVIIè siècle, l’expression « être féru de » s’est déplacée du sentiment amoureux à la passion pour une activité, une thèse. L’expression « sans coup férir » a perdu son sens concret initial pour prendre un sens figuré exprimant l’absence de difficulté pour accomplir une action.

Le verbe « férir » est devenu un verbe défectif, ne s’employant plus qu’à l’infinitif dans l’expression figée sans coup férir, et au participe passé, féru, signifiant “pris d’un intérêt passionné pour”; remplacé par le verbe « frapper ».

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