« Tenir la dragée haute à quelqu’un » : origines et signification

Expression apparue au XVIIIe siècle, notamment dans « Jacques le Fataliste » de Jean-Jacques Rousseau, l’expression « tenir la dragée haute à quelqu’un » a trait au fait de « détenir du pouvoir sur quelqu’un ». Différentes hypothèses ont été formulées quant à son origine.

Signification

  • Offrir une belle résistance en montrant son pouvoir, faire sentir son pouvoir à quelqu’un.
  • Au figuré : faire longtemps attendre quelqu’un pour lui donner ce qu’on lui a promis et ne lui donner qu’une petite quantité de ce qu’il attend.
  • De façon plus large : faire acheter cher quelque avantage ou quelque plaisir.

Ainsi, « tenir la dragée haute à quelqu’un », c’est tenir hors de sa portée une récompense ou un avantage promis, ou au moins donné à espérer mai également l’obliger à gagner la  » dragée  » par des complaisances, de la soumission, des flatteries.

Synonymes

Dominer quelqu’un, lui résister, ne pas céder, ne pas se laisser dominer, faire patienter longtemps, être exigeant, ne pas accorder facilement quelque chose, lui faire payer cher.

Origine

Datant du XVIIIe siècle, les avis sont partagés quant à l’origine de cette expression.

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Pour certains, elle serait issue d’un jeu pour enfants consistant à attacher une confiserie, une dragée, au bout d’une ligne de canne à pêche tenue par un adulte en hauteur, ce dernier tirant le fil vers le haut pour empêcher les enfants de l’attraper. La personne tenant la ligne exerçait ainsi un certain pouvoir sur les enfants cherchant à s’emparer de la dragée.

Pour d’autres, elle viendrait d’une friandise destinée aux chevaux. La dragée était une botte de fourrage vert, mélange de froment et de sarrasin, dont raffolaient les chevaux. Pour les dresser et leur apprendre à se maîtriser, elles étaient placées en hauteur dans un râtelier hors de leur portée. On leur en distribuait avec parcimonie à titre de récompense.

Quelques utilisations :

« Arlequin : Pour une fille de Cour, ventrebleu, vous tenez la dragée bien haute ! »-1726- Les pèlerins de la Mecque

« Cette demoiselle qui se connaît pour être fort aimable et qui a l’espérance que M. de Beaujan la reprendra à belles baisemains, tient la dragée haute à M. Duquesnoy » -1755-Paris sous Louis XV – Rapports des inspecteurs de police au roi

“Jacques : C’est que, faute de savoir ce qui est écrit là-haut, on ne sait…… de votre belle ; votre belle vous tenant la dragée plus haute que jamais.” – 1796- Jacques le fataliste, Diderot

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