Mener une vie de patachon

Si l’expression « mener une vie de patachon » remonte au XIXe siècle dans le sens de vivre une vie dissolue, elle fait référence au patachon, conducteur de la patache, véhicule de transport de passagers inconfortable et à prix modique.

Sa signification :

vivre une vie de plaisir voire de débauche

Son origine :

À l’origine, la patache, mot d’origine espagnole, était un bateau de guerre léger permettant de surveiller l’ennemi, mot lui même emprunté à l’arabe « batas » qui était un bateau à deux mats. Au XVIe siècle, ce terme s’appliquait aux petits navires employés au service des grands navires « pour aller à la découverte ou arraisonner les navires entrant dans le port ». Les pataches désignèrent ensuite les bateaux fluviaux effectuant de petites missions (apporter le courrier,…), puis ceux affectés au service de la douane et du fisc (collecte de la gabelle, l’impôt sur le sel, et surveillance des bateaux servant à la contrebande). Le patachon était le douanier affecté à ce navire de service.

Le mot désigna ensuite une grosse charrette de transport, à deux roues, non suspendue ainsi que les « coucous », ou « voitures à volonté », véhicules hippomobiles, sorte de grands cabriolets à deux roues, tirés par un ou parfois deux chevaux, qui assuraient le transport de passagers à la demande (six à huit personnes) dans la banlieue de Paris entre 1780 et le milieu du XIXe siècle. Par extension, le terme patache s’appliqua à toute voiture hippomobile lourde, lente, de mauvaise qualité, comme pouvaient l’être les vieilles diligences. Dans ces voitures publiques, ouvertes ou fermées, non suspendues donc peu confortables, les passagers étaient assis dos à dos et on y voyageait contre un prix très modique.

Les propriétaires ou exploitants de pataches étaient les patachiers et ceux qui en assuraient la conduite ou la garde, les patachons.

Réputés pour être toujours par monts et par vaux, les patachons menaient une vie dissolue, s’arrêtant de taverne en taverne pour s’enivrer et faire des écarts de conduite, loin de leur domicile.

Le terme patachon correspondait aussi au train de marchandise spécifique circulant à horaires fixes et servant à livrer et reprendre des wagons dans les gares. Les cheminots y travaillant avaient une apparence sale, car ils étaient couverts de suie de charbon (combustible des trains à vapeur). Ils avaient l’habitude d’aller boire un verre durant les pauses et étaient considérés comme des personnes à la vie désordonnée.

L’expression :

Dans le courant du XIXème siècle, le mot de patache désigna péjorativement toute mauvaise voiture publique dépourvue de confort et démodée. Le patachon, celui qui en assure la conduite ou la garde, étaait considéré comme une personne menant une vie dissolue. L’expression « mener une vie de patachon » est apparue au milieu du XIXe siècle, citée dans le dictionnaire d’argot-fin de siècle de Virmaitre (1894).

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