Remontant à l’Antiquité, employée dès le XIIe siècle par le poète Gautier de Châtillon dans son roman latin de l’Alexandréide, la locution « Tomber de Charybde en Scylla » semble avoir été ancrée dans la langue française par Jean de La Fontaine dans sa fable La Vieille et les deux Servantes.
Sa signification
De Charybde en Scylla signifie de mal en pis, de pire en pire, d’un péril vers un autre plus grand encore.
Tomber de Charybde en Scylla évoque le fait qu’en tentant d’échapper à un danger ou un inconvénient, on se frotte à un danger encore plus grand ou grave; autrement dit, aller de mal en pis.
Dans « la vieille et les deux servantes », Jean de la Fontaine conte l’histoire de deux servantes qui, dérangées dès le chant du coq par leur patronne, décident d’égorger l’animal. Craignant de laisser passer l’heure du réveil, la vieille les dérange alors à toute heure du jour et de la nuit.
Son origine
Charybde et Scylla sont deux monstres marins de la mythologie grecque présents dans L’Odyssée, lors du voyage retour d’Ulysse vers Ithaque.
Charybde est un monstre qui ouvre la bouche trois fois par jour pour engloutir tout ce qui passe à sa portée, capable d’avaler des bateaux entiers et de tout recracher sans qu’il n’y ait plus personne de vivant à bord. D’après la légende, Charybde est une jeune fille qui devient un monstre après avoir été foudroyée par Zeus; celle-ci ayant par gourmandise, volé des bêtes à Héraclès/Hercule qu’il devait ramener en guise de dixième travail.
Scylla est souvent représentée comme une créature à six têtes, capable de décimer un équipage en attrapant les marins. À l’origine, Scylla était une jeune fille qui après avoir repoussé les avances d’un Dieu, avait été transformée en monstre par la magicienne Circé, jalouse.
Les deux créatures maudites vivent l’une à côté de l’autre. Elles incarnent les dangers mortels que les héros grecs ont dû redouter et combattre, s’échappant d’un danger ou d’une situation déplaisante pour passer à une autre, tout aussi périlleuse.
Sa localisation
Ces deux dangers menaçant les marins ont été dès l’Antiquité identifiés par Thucydide comme situés dans « la passe redoutable, étant donné son étroitesse et ses courants », appelé aujourd’hui détroit de Messine, entre la Sicile et l’Italie continentale.
Ces deux écueils très délicats pour la navigation sont opposés l’un à l’autre. L’un est un tourbillon vaste et profond situé du côté de la Sicile et l’autre est un énorme rocher sur le côté de l’Italie continentale.
Depuis l’Antiquité, les cartes maritimes mentionnent en ce lieu des courants forts et opposés susceptibles de créer des tourbillons ainsi que des rochers affleurants dangereux pour la navigation.
En voulant éviter le premier de ces écueils, les navigateurs maladroits allaient souvent se fracasser contre le second, se sortant d’un péril pour tomber dans un péril plus grand encore.