Mots français d’origine portugaise

La langue française comporte quelques centaines de mots d’origine portugaise. Du fait de sa façade maritime, le Portugal s’est lancé à la conquête des terres nouvelles du monde. Etablissant des comptoirs dans ses colonies, il va se lancer dans le commerce des denrées locales et des épices. Influencée par l’arabe, le persan, l’indien ou l’amérindien, la langue portugaise s’est propagée en Europe, Amérique du sud et en Asie à compter de la fin du XVè siècle. De nombreux termes sont relatifs aux denrées, animaux, objets ou machines de ces pays d’AMérique du sud ou d’Asie.

Mots en françaisMots d’origine en portugais
albacore(atum) albacora
aréquierarrequeiro
AscensionAscensão du substantif latin ascensio (« action de monter ») 
autodaféauto-da-fé (« acte de foi », du latin actus fidei. Exécution d’un jugement qui condamnait au supplice du feu)
balisebaliza (originaire de Lisbonne, où le balisage du port était particulièrement important)
bamboubambu
banane(figueira) banana (fruit d’un figuier portant des bananes)
baroquebarroco (perle irrégulière)
bayadèrebailadera (danseuse)
bonzebonzo (emprunté au japonais bózu par l’intermédiaire d’une variante dialectique bonsō)
bossa novabossa nova (nouvelle manière)
brahmanebrâmane
cachalotcachalote (dérivé de cachola, « grosse tête »)
cachoucachu (apparu en 1516, issu du tamoul kasu, « variété d’acacia, substance tirée de son bois et de ses gousses »)
caldeiracaldeira (« chaudron ». Grand cratère volcanique)
carambolecarambola
caramelcaramelo (du latin calamellus, diminutif de calamus, « roseau », par analogie de forme entre le sucre durci ou une stalactite de glace et une tige de roseau)
caravellecaravela (apparenté à carabela en espagnol, du latin carabus,« canot » Navire rapide d’exploration conçu par les Portugais au XVe siècle)
castecasta
cipayecipaye (emprunt au persan sipāhī, signifiant « soldat »)
cobayecabuya (du tupi-guarani sabuya transcrit d’abord sous la forme çabuya)
cocococo (de l’italien cocho, croquemitaine, puis coco en portugais, parce que le fruit ressemblait aux figurines utilisées pour faire peur aux enfants)
cooliecoolie
coprahcopra
cornaccornaca (issu du cingalais kūrawa-nāyaka, « dresseur d’éléphants »)
créolecrioulo (signifiant « serviteur nourri dans la maison », et désignant les serviteurs métis utilisés comme esclaves au Brésil. Dérivé du verbe criar signifiant « élever »)
écubierescouve
Mots en françaisMots d’origine en portugais
fétichefeitiço (« artificiel », et par extension « sortilège », nom donné aux objets du culte des populations d’Afrique durant la colonisation de ce continent, lui-même dérivé du latin facticius, « factice »)
gadjode l’argot portugais gajo (« mec ». Le passage du mot portugais en français s’est fait via les Roms ibériques qui ont préalablement intégré ce mot dans la langue romani. Le terme est employé par les gitans français pour désigner ceux qui ne sont pas gitans)
griotcriado (« domestique », « serviteur »).
igameinhame (issu du wolof nyami, « manger »)
indigoíndigo
jaguarjaguar (du guarani yaguara, « qui peut tuer d’un saut », ou du tupi ya’guara, ou jaguara, « grand chat »)
JaponJapão plus avant du chinois 日本 (« [Pays] du Soleil Levant, pays de l’Orient ») prononcé yat-bun en cantonais
jonquejunco (« grande embarcation à proue haute et recourbée, en usage en Chine, au Japon, et dans l’archipel malais », par l’intermédiaire de textes italiens, espagnols et néerlandais, lui-même emprunté au malais djong, « navire »)
lascarlascarim (emprunté à un dérivé du persan läs̆kär. Matelot hindou)
lilaslilás (emprunté à l’arabe līlāk, lui-même issu du sanskrit nīlah par l’intermédiaire du persan līläǧ)
macaquemacaco (emprunté aux langues bantoues où il signifiait « bête sauvage », « quadrumane » et spécialement « cynocéphale »)
mandarinmandarim (mot qui s’appliquait aux hauts fonctionnaires de Malaisie, de Chine et d’Annam (1514), lui-même emprunté, avec altération d’après le verbe portugais mandar, « mander, commander, ordonner », au malais mantari, « conseiller du roi, ministre », emprunté au sanscrit mantrin, « conseiller d’État »)
mangoustemangusto
manguemanga (emprunté au tamoul mān-gay ou mān-kay)
maraboutmarabuto (de l’arabe murābiṭ,« homme vivant dans un ribāṭ, sorte de couvent fortifié établi aux frontières de l’empire pour la défense de celui-ci contre les infidèles ». Plus tard, le caractère religieux du ribāṭ s’accentua, et murābiṭ‘ vint à désigner un homme pieux, un ermite, un saint, et par extension, s’appliqua au tombeau d’un marabout, puis à tout objet ou animal considéré comme sacré)
marmelademarmelada (« pâte de coing », dérivé de marmelo, « coing »du latin melimelum, « pomme de miel », avec le suffixe -ada)
moussonmonção emprunté à l’arabe موسم , mausim (« saison », « fête qui a lieu à époque fixe, saison du pèlerinage à la Mecque », chez les marins arabes : « saison des vents favorables à la navigation vers les Indes »).
nababnababo (gouverneur ou grand officier de la cour des empereurs moghols)
pagodepagode (« temple, idole orientale ») emprunté au dravidien pagôdi ou pagavadi (nom de Cali, épouse de Çiva) lui-même issu du sanskrit bhagavati (« déesse »), féminin de bhagavat (« saint, divin »).
paillotepalhota (même sens)
palanquinpalanquim
pintade(galinha) pintada (« poule peinte », participe passé du verbe pintar, « peindre », en raison des caroncules rouges qui ornent sa tête)
piranhapiranha (du tupi piranha, variante de piraya)
roupierupee
sagouinçagoym, puis saguim (emprunté par truchement au tupi saguim)
santonsantão (« petit saint, hypocrite », « ascète, sorte de religieux musulman »), diminutif de santo
sargassesargaço (« algue ressemblant à un arbuste », d’abord « plante des landes et des montagnes », probablement issu d’un latin vulgaire salicaceus, dérivé du latin salix,« saule », en raison de la ressemblance des feuilles de cette plante avec celles du saule)
servalcerval (« cervier », « féroce, sauvage », dérivé du latin cervarius, « relatif au cerf », qui a donné lupus cervarius, « loup cervier », nom d’un lynx dont la robe est de la couleur du cerf. Nom que les Portugais, habitués dans l’Inde, ont donné à cet animal, que les habitants de Malabar appellent maraputé)
tapiocatapioca (issu du tupi tepeaka ou tipiaka)
tapirtapir
toucantucano
typhontufão (« cyclone, ouragan »)
vigievigia (« guetteur »)
zèbrezebra (Ce mot a d’abord le sens de « âne sauvage, onagre », probablement issu, comme l’espagnol cebra (anciennement aussi ezebra, enzebra, ezebrera), du bas-latin eciferus, du latin equiferus (« cheval sauvage »). Les Portugais ont appliqué le nom de l’âne sauvage ibérique, au zèbre, équidé sauvage qu’ils découvrirent en Afrique au XVIe siècle)

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