« Tirer le diable par la queue » : origine et signification

D’utilisation ancienne (XVIIe siècle), l’expression « tirer le Diable par la queue » fait partie de ses nombreuses expressions faisant référence à l’esprit malin, tenu responsable au Moyen-Âge de tout fait extraordinaire et censé procurer aux humains des pouvoirs occultes ou des avantages terrestres en échange de leur âme.

Signification :

  • Être dans la nécessité / le besoin / la gène;
  • Vivre avec des ressources insuffisantes / dans la précarité et le dénuement;
  • Avoir des difficultés à subvenir à ses besoins, ne pas parvenir à joindre les deux bouts.

Origine :

Dès 1640, Antoine Oudin dans les Curiositez françoises cite l’expression « tirer le Diable par la queue » qu’il définit comme « gaigner sa vie avec bien de la peine ».

L’expression renvoie au miséreux demandant assistance au Diable étant réduit à le tirer par la queue pour qu’il s’intéresse à son cas. Les expressions faisant référence à l’homme sollicitant le Diable pour qu’il le sauve de son pauvre sort sur Terre en échange de son âme sont très nombreuses (« tenter le Diable », « vendre son âme au diable », …).

Il faut noter que « tirer par la queue » se retrouve dans différentes expressions comme « brider son cheval par la queue » ou « écorcher l’anguille par la queue », signifiant à chaque fois être maladroit en commençant par la fin. Le fait de « tirer le Diable par la queue » se rapporterait au fait de solliciter maladroitement le Diable en le tirant par la queue de façon désespérée.

Autrefois, la bourse permettait de conserver les pièces de monnaie qui comportaient souvent une croix sur l’une des deux faces pour empêcher le Diable de s’y loger. Une bourse vide n’étant plus protégée, le Diable pouvait s’y installer (d’où l’expression « loger le Diable dans sa bourse »). Sans un sou dans sa bourse, la vie devenait un enfer. Tirer le cordon d’une bourse vide revenait de façon imagée à tirer le Diable par la queue.

Une autre interprétation est relative au terme « diable » qui, dans les temps anciens, était un grand râteau que les paysans utilisaient pour racler les champs en période de disette ou lorsque le seigneur s’accaparait toute leur production. Tirer sur le râteau se référait au fait de ratisser désespérément les sols en quête de nourriture.

De façon courante, cette expression renvoie au fait de vivre dans la précarité ou de vivre bien au dessus de ses moyens avec de graves ennuis à la clé. En quelque sorte, vivre l’Enfer sur Terre. Même la dernière des extrémités, solliciter le Diable pour qu’il sorte le miséreux de son mauvais pas, ne semble pas fonctionner puisqu’il en est réduit à le tirer maladroitement et désespérément par la queue pour qu’il daigne s’intéresser à son pauvre sort.

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