« L’Arlésienne » : origine et signification

L’expression « l’Arlésienne » et ses déclinaisons (« jouer l’Arlésienne ») vient d’une courte nouvelle d’Alphonse Daudet L’Arlésienne et de la pièce de théâtre homonyme qui en est issue.

Signification :

  • personne ou chose dont on parle beaucoup mais qui ne se montre jamais, personnage absent dont il est question (personnage invisible ou personnage fantôme);
  • personne que l’on attend et qui ne viendra jamais;
  • ne pas se montrer;
  • chose attendue et qui n’arrive pas;
  • sujet récurrent.

Origine :

Le 31 août 1866, Alphonse Daudet publie une nouvelle de 3 pages intitulée L’Arlésienne dans le quotidien de Victor Hugo, L’Événement, qui sera ensuite intégrée dans le recueil des Lettres de mon moulin édité en 1869. Il en tire une pièce de théâtre jouée en 1872 dont la musique est composée par Bizet.

Dans cette nouvelle, un garçon de la campagne est fou amoureux d’une jeune fille de la ville d’Arles rencontrée aux arènes. Il en parle à ses parents qui consentent à ce qu’il la fréquente et, devant son insistance, au mariage. Un dimanche soir, un diner, proche d’un repas de noces, est organisé : « La fiancée n’y assistait pas, mais on avait bu en son honneur tout le temps… ». À la fin du diner, un homme se présente à la porte, vient parler au père du garçon et prétend qu’il a été l’amant de cette Arlésienne, lui montrant des lettres d’amour qui attestent ses dires. Le lendemain, le père raconte l’affaire à son fils, qui renonce au mariage mais ne peut oublier l’Arlésienne. Rongé par le chagrin, bien qu’affectant d’être gai devant ses proches, il finit malgré tout par se suicider. Tout au long de cette histoire, l’Arlésienne, est au centre de l‘intrigue mais, n’apparaît jamais.

L’expression :

Depuis cette pièce d’Alphonse Daudet, une arlésienne est un personnage de fiction décrit ou mentionné qui n’apparaît jamais en chair et en os. De nombreuses œuvres de fiction comportent des personnages qui, bien qu’étant en interaction régulière avec les autres personnages et qui influencent les événements, ne sont ni vus ni entendus par le public. Ils sont volontairement cachés ou mis hors du champ de vision du spectateur ou du lecteur par les auteurs. 

Par extension, cette locution désigne une chose ou une action attendue, mais qui ne se produit jamais. De façon plus large, l’arlésienne désigne un sujet récurrent qui revient régulièrement sans trouver de solution concrète ou d’aboutissement (« La proportionnelle est l’arlésienne de la Ve République »).

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