c'est l"hôpital qui se moque de la charité

« C’est l’hôpital qui se moque de la charité » : origine et signification

Employée depuis la fin du XIXe siècle, l’expression « c’est l’hôpital qui se moque (ou « se fout », plus familièrement) de la charité » évoquant le reproche fait à autrui de ses propres défauts tirerait son origine dans une ancienne rivalité entre deux établissements concurrents présentant les mêmes caractéristiques.

Signification :

  • quelqu’un qui reproche à autrui ses mêmes défauts ou imperfections,
  • pour être en mesure de dénoncer les torts d’autrui, il faut soi-même être irréprochable;
  • quelqu’un qui fait preuve de mauvaise foi.

Origine :

Au XIIe siècle, une Charité désignait un établissement tenu par une congrégation religieuse (les Filles de la Charité, les Pères de la Charité,…) délivrant des hospitalités, c’est à dire un hospice ou un établissement accueillant les pauvres et les nécessiteux. Au XVIIe siècle, le terme « hôpital » va s’installer se rapportant à un établissement médical géré par une congrégation religieuse appelée aussi Charité. Étendu à des établissements laïcs analogues, le terme est alors un quasi-synonyme du mot hospice. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la spécialisation médicale apparaît dans la locution hôpital pour les malades ainsi que la distinction avec un hospice. Le terme « hôpital » désigne l’hébergement gratuit (hôpital des orphelins pour « orphelinat » ou hôpital général pour « hospice pour d’indigent »). Il ne se rapportera à un établissement généralement public dispensant des soins médicaux pour une durée limitée qu’au début du XIXe siècle.

Par ailleurs, au XVIIe siècle l’hospice religieux de la Charité à l’est de la place Bellecour à Lyon et l’Hôpital laïc de l’Hôtel-Dieu étaient deux établissements médicaux lyonnais qui se faisaient concurrence. Ils étaient appelés familièrement « Charité » et « Hôpital » et se critiquaient ouvertement bien que partageant les mêmes caractéristiques et les mêmes défauts, car gérés par le même organisme à partir de 1796.

L’expression :

Rey et Chantreau, dans le « Dictionnaire des expressions et locutions » et Claude Duneton, dans le « Bouquet des expressions imagées » font naître cette expression à Lyon à la fin du XIXe siècle. Il semble qu’apparue d’abord sous la forme « C’est la Charité qui se moque de l’Hôpital », la phrase ait été inversée en « C’est l’hôpital qui se moque de la Charité ». Évoluant avec le temps, le terme « charité » faisant plus référence à une notion abstraite qu’à une institution médicale, l’ordre des termes de cette expression fut inversé (le terme « hôpital » placé en premier) .

Même si cette expression n’est pas originaire de la capitale des Gaules, il existait dans de nombreuses villes une rivalité forte entre un hôpital public et une charité (hôpital tenu par des religieux) aux caractéristiques souvent comparables, expliquant l’origine de cette expression.

Plus largement, cette expression est employée pour mettre en exergue une forme de mauvaise foi ou de malhonnêteté intellectuelle, que ces oit par malice ou esprit de clocher.

Hôpital : c’est une gandoise (plaisanterie) que de dire que l’on a trois maisons en ville : l’Hôtel-Dieu, la Charité et l’Antiquaille. On dit souvent « c’est l’hôpital qui se fout de la Charité », chacun en connaît le sens ; je pense que l’origine vient de la coexistence, pas toujours pacifique, de l' »l’hôpital général de Notre-Dame de Pitié du Pont du Rhône, grand Hôtel-Dieu de Lyon » et de « l’Hôpital Général de la Charité et Aumône Générale de Lyon ». Mots et histoires de Lyon

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