avoir l'esprit d'escalier

« Avoir l’esprit d’escalier » : origine et signification

L’expression « avoir l’esprit d’escalier » (ou « l’esprit de l’escalier ») évoque le fait de trouver trop tard ses réparties, seulement après avoir quitté son interlocuteur, une fois en bas de l’escalier de la demeure où s’est tenu cet échange.

Signification :

  • manquer de répartie ; ne pas savoir répliquer sur le moment ;
  • répliquer tardivement, penser postérieurement à la réponse.
  • penser après coup à ce qu’on aurait dû répondre ; avoir ses répliques en tête trop tard;
  • regretter de ne pas avoir assez de répartie.

Origine :

Du XVII au XIXe siècle, dans les belles demeures, on accédait au « bel étage » ou « étage noble », lieu de réception par un grand escalier d’honneur. L’esprit d’escalier ou l’esprit de l’escalier fait référence au fait d’être déconcerté par une réplique, ne pouvoir y répondre sur le moment par manque de répartie ou de présence d’esprit mais, seulement après un temps de réflexion, à contre temps, une fois arrivé en bas de l’escalier de la demeure.

Origine :

Dans le Paradoxe du comédien (1773), Diderot évoque le fait de perdre ses moyens, déstabilisé par une réplique, et de ne retrouver sa tête qu’après coup, trop tard, au bas de l’escalier.

Sedaine, immobile et froid, me regarde et me dit : « Ah ! Monsieur Diderot, que vous êtes beau ! » Voilà l’observateur et l’homme de génie. Ce fait, je le racontais un jour à table, chez un homme que ses talents supérieurs destinaient à occuper la place la plus importante de l’État, chez M. Necker ; il y avait un assez grand nombre de gens de lettres, entre lesquels Marmontel, que j’aime et à qui je suis cher. Celui-ci me dit ironiquement : « Vous verrez que lorsque Voltaire se désole au simple récit d’un trait pathétique et que Sedaine garde son sang-froid à la vue d’un ami qui fond en larmes, c’est Voltaire qui est l’homme ordinaire et Sedaine l’homme de génie ! » Cette apostrophe me déconcerte et me réduit au silence, parce que l’homme sensible, comme moi, tout entier à ce qu’on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu’au bas de l’escalier. 

Quant à Rousseau, dans ses Confessions, il avoue que ses nombreuses bévues et bafouillages en société ont contribué à le rendre misanthrope. Incapable de penser et formuler rapidement, il confesse « qu’il ferait une forte jolie conversation par la Poste ».

L’expression :

L’expression « avoir l’esprit d’escalier » est attestée dès la fin du XIXe siècle dans le sens de « ne pas pouvoir répliquer sur le champ à une pique en société et de trouver ses mots trop tard, une fois parvenu au bas des escaliers de la demeure, en s’apprêtant à quitter les lieux ».

Le cheminement descendant dans l’escalier est à la fois une référence aux grands escaliers d’honneur des vestibules ou des perrons surplombant les cours ou les jardins empruntés, et une métaphore, celle de la réplique se frayant petit à petit un chemin dans les rouages de l’esprit, marche par marche, degré par degré.

L’esprit d’escalier est l’opposé de l’esprit d’à-propos, où présence d’esprit et esprit de répartie sont à l’œuvre.

Citation :

Nous tous, les alliés, nous avons trop souvent l’esprit de l’escalier. Quand on n’a pas su prévoir ni parler le premier, au moins faut-il trouver la réplique immédiate. M.Barrès

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