"donner de la confiture aux cochons"

« Donner de la confiture aux cochons » : origine et signification

Se référant à un passage de l’Évangile selon Mathieu (Nouveau Testament), l’expression « donner de la confiture aux cochons » a pris une acception différente avec le temps, glissant de la dénonciation des bas instincts ou des personnes impures ou non croyantes à une distinction de classe élitiste parfois méprisante.

Signification :

  • Donner quelque chose à quelqu’un qui ne saura pas l’apprécier et qui ne le mérite pas;
  • Gâcher quelque chose en le donnant à une personne qui n’en ferait pas un bon usage.

Origine :

Dans l’Évangile selon Mathieu figurant dans le Nouveau Testament, Jésus dit : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. » (Matthieu 7:6)

En quelque sorte, le chien et le cochon symbolisent nos plus bas instincts, dévorant notre chair, se retournant contre nous, nous faisant régresser, brisant notre capacité à aimer et nous détournant de Dieu. Les cochons figurent aussi les hommes vivant une vie impure, n’écoutant point, vivant dans le péché et qui n’ont pas le désir de changer. Quant aux perles, elles correspondent à l’Évangile et aux doctrines enseignées par Jésus.

Le choix des pourceaux (porcs, gros cochons en français ancien) n’est pas anodin, car ils étaient considérés par les Juifs et les Mahometans comme impurs et immondes, s’interdisant d’en consommer. Vivant dans la fange, se contentant des épluchures, ils étaient censés ne pas faire la différence entre des pierres précieuses, des grains de maïs ou des noix. En 1690, Furetière dans son dictionnaire précise « on appelle figurément un homme gros et gras, celuy qui est malpropre, stupide, yvrogne, incivil, un gros pourceau. Il se veautre dans l’ordure comme un gros pourceau. Sa chambre est propre comme un toit à pourceaux. »

L’expression

Au fil du temps, la référence aux pourceaux va persister sous le terme de « cochons », plus populaire (la viande de porc étant la plus consommée au Moyen Âge, les cochons ressemblant d’ailleurs à des sangliers). Les perles, symboles de pureté et de richesse, vont laisser la place à la confiture, produit de luxe au Moyen-Âge.

« Donner de la confiture aux cochons« , c’est ainsi offrir un cadeau bien trop beau, raffiné et précieux à un récipiendaire qui ne le mérite pas (personne indigne ou impure), ne saura pas s’en servir correctement ou l’apprécier à sa juste valeur ( personne inculte, ingrate…) et ainsi, le gâchera (faisant écho au « il ne faut pas gâcher »)…

S’éloignant de la signification biblique première, cette expression est parfois employée de façon élitiste avec une pointe de mépris lorsque les récipiendaires d’une nourriture spirituelle ou terrestre ne sont pas jugés à même d’en apprécier la saveur, la préciosité ou le raffinement.

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