la langue de bois : origine et signification

« La langue de bois » : origine et signification

Employée de façon large pour désigner une expression convenue, l’oxymore « langue de bois » remonte à la fin du XIXe siècle en France.

Définition :

  • expression ou parole dénuée de la réalité, préconçue, constituée de formules stéréotypées, qui ne répond pas au problème posé;
  • message intentionnellement truqué, voire manipulatoire.

Origine :

L’expression « langue de bois » est un oxymore associant la souplesse et l’agilité de la langue (par métonymie, le langage) et la rigidité du bois.

En 1919, dans le journal satirique Le cri de Paris, il est écrit à propos du président George Clémenceau : »C’est (l’actrice) Sarah Bernhardt jouant son dernier rôle avec une langue de bois ». En 1947, Claude Roy utilise cette expression pour décrire un style rigide, assommant.

Au milieu des années 1950, elle se rapporte aux organes officiels soviétiques; le langage marxiste officiel étant décrit comme figé, rigide, privilégiant les sujets collectifs, consensuels, abstraits ou impersonnels et évitant les énoncés factuels. L’expression langue de bois viendrait du russe. Avant la révolution russe, les Russes critiquaient la « langue de chêne » (дубовый язык) de l’administration bureaucratique tsariste, cette « langue empesée », rigide comme une bûche. Le mouvement Solidarność en Pologne l’aurait reprise dans les années 1980 sous la forme drętwa mowa (« langue figée »).

L’expression :

À l’origine se rapportant à une expression rigide, assommante, elle va s’appliquer au discours officiel soviétique dans les années 1980.

S’appliquant au champs politique, elle va ensuite signifier plus largement une manière rigide de s’exprimer par hypocrisie pour masquer la réalité, dissimuler sa pensée dans le but d’influencer et contrôler celle des autres. Ceux qui en font ensuite usage sont considérés comme des ignorants qui répètent des éléments de langage soufflés par d’autres, qu’ils ne comprennent pas.

À la langue de bois sera opposé le « parler-vrai » (manière sincère et simple de s’exprimer) popularisé par Diderot, Mendès-France ou Michel Rocard. Il est cependant considéré par certains comme une « langue de bois » rénovée, avec des tournures de phrases moins impersonnelles et un discours moins consensuel.

Issue du vocabulaire léniniste mais aussi diffusée sur les campus américains au cours des années 1980, l’expression « politiquement correct » visait à moquer, et à combattre, les discours employés à gauche, instaurant une forme de censure pour ne pas offenser tel ou tel groupe d’individus. Elle se rapproche, dans le langage courant, de la « bien-pensance » ou du « conformisme ». Le « woke » apparu au début des années 2010 avec le mouvement Black Lives Matter, sert aujourd’hui à critiquer la gauche radicale qui, au nom de la justice sociale, pratiquerait une « cancel culture » prompte à la censure et à l’intimidation. « L’intersectionnalité« , concept né aussi aux États-Unis se rapportant à l’interaction des différentes formes d’exclusion, fournirait le cadre idéologique au discours woke compromettant la liberté d’expression à l’université, dans la presse et les arts.

Laisser un commentaire