Janotismes : phrases incorrectes à l’effet comique

Le janotisme (ou jeannotisme) est une construction incorrecte d’une phrase, via une dissociation interne des éléments significatifs, conduisant à une équivoque ridicule, une niaiserie. Grotesque, parfois surréaliste, ce type de construction est souvent utilisé par plaisanterie. Des hyperbates (figures de style consistant à intervertir, à renverser l’ordre naturel du discours) et des ellipses (suppression d’un élément de phrase sans changement de signification), utilisées à outrance ou de manière inappropriée, peuvent conduire à des janotismes.

Janot est un personnage de comédie, type du valet bouffon, incarnation populaire de la niaiserie et de la maladresse, porté à la scène française au XVIIIe siècle par Dorvigny, auteur de la parade Janot ou les Battus paient l’amende représenté en 1779 aux Variétés amusantes.
C’est à l’aide du type de Janot que Dorvigny a mis à la mode le langage baroque, produisant des effets comiques par l’interversion burlesque de pensées et de mots afin de créer des phrases au sens équivoque. Dorvigny finit par l’abandonner au profit du personnage de Jocrisse, qui fit aussi la joie des spectateurs de toutes classes et de toutes conditions.




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En reculant, j’ai malencontreusement heurté un piéton avec mon pare-chocs qui a été touché à la jambe gauche.
En repoussant un chien tenu en laisse par son maître, je me suis fait mordre par ce dernier.
Il aperçut trop tard un tracteur en stationnement, attelé d’un cultivateur sur lequel étaient entreposés des choux.
Il découvrit les économies de la commerçante qui était alors en vacances sous une pile de draps.
Il fit boire des jus de citrons à ses invités qu’il avait pressés lui-même.
Il naquit dans la voiture que transportait sa mère à l’hôpital.
Il va chercher du pain chez le boulanger bien cuit.
J’ai acheté un gigot chez le boucher qui était gras.
J’ai mis dans l’urne un bulletin pour le traité qui était nul.
J’ai été battre c’te vieille courtepointe que vous savez ben, avec la voisine, qui était toute pleine de poussière. (Dorvigny)
J’ai tué […] une heure […] en regardant des mecs jouer au foot à l’intérieur d’un bistrot (Romain Gary).
Je vas chercher not’ soupé, qui est chez le pâtissier, au coin de la rue, à côté de ce parfumeur, cuit dans le four. (Dorvigny)
Je viens chercher du bouillon pour ma mère qui est malade dans un petit pot. 
L’autre victime demande le remboursement de la voiture de son épouse qui est devenue inutilisable.
La bourde sur le crime d’un élu conservateur déclenche la polémique.
les généraux américains Eisenhower et Patton examinent des œuvres d’art volées dans une mine allemande.
Les propriétaires des molosses seront sanctionnés s’ils divaguent sans muselière.
Lors de la poursuite, le plancher céda sous les pas d’un policier, ce dernier étant complètement pourri.
M. l’abbé Philippe prononça l’éloge du défunt, lequel, sous une écorce assez rude, cachait mal son émotion.
Paul est tombé hier soir de bicyclette ; il a eu le front ouvert et le pantalon déchiré. Le docteur l’a recousu et je vous le renverrai quand il sera repassé.
Récupère l’ancien fauteuil roulant de mamy qui rouille dans le garage.
Ses amis lui ont offert un magnifique fusil qui lui a été droit au cœur.
Un second molosse avait été capturé par le spécialiste de Chenil Service. Ce dernier sera prochainement euthanasié, indique le parquet de Nancy.
Va donc chercher le sirop de papy qui est dans le frigo.
Voilà le pauvre chien de ma belle-mère que l’on ne va pas tarder à faire piquer.

Je suis Janot ; mes actions comiques/ Ont fait de moi rire depuis longtemps,/Et de mon per’ je suis le fils unique,/ Quoiqu’cependant nous étions douze enfants./ Un jour, la nuit, j’entendis l’ver mon père ;/ II vint à moi, et m’ dit comm’ ça : « Janot,/ Ta-t’ en chercher un peu de beurr pour ta mère,/ Qu’est bien malad’, dedans un petit pot. »/ J’entre en passant chez mon oncle Licorne,/ J’li dis comm’ ça : « Tonton, dépêchez-vous/ D’ mett’ vot’ chapeau sur vot’ tête, à trois cornes,/ Et après ça d’ faire un saut d’ plus chez nous. »

Janot ou les Battus paient l’amende (Dorvgigny)

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