un lit de Procuste

« Un lit de Procuste » : origine et signification

Issue de la mythologie grecque, l’expression soutenue « lit de Procuste » évoque la tendance à vouloir tout uniformiser, homogénéiser au risque de mutiler, de supprimer toute forme d’expression hétérogène.

Signification :

  • Mutilation que l’on fait subir à une oeuvre pour la rendre uniforme/ Uniformisation au prix d’une déformation;
  • Élimination de ce qui ne rentre pas dans le moule/ tentative de réduire les individus à un seul modèle, une seule façon de penser ou d’agir/ volonté intense d’uniformiser;
  • Règle(s) étroite(s), gênante(s), tyrannique(s).

Origine :

Dans la mythologie grecque, Procuste (de Procruste , « celui qui martèle pour allonger »en grec ancien) est le surnom d’un brigand de l’Attique qui a pour nom Polypémon (« le très nuisible ») et autre surnom Damastès (« le dompteur »).

Apollodore rapporte dans la vie de Thésée la légende suivante : « Son sixième exploit fut le meurtre de Damastès… Celui-là habitait au bord de la route. Il possédait deux lits, l’un très petit et l’autre très grand ; et tous ceux qui passaient par là, il leur proposait d’être ses hôtes. Mais, ensuite, ceux qui étaient petits de taille il les allongeait dans le grand lit et il leur déboîtait toutes les articulations jusqu’à les faire devenir aussi grands que le lit ; et les grands, par contre, il les mettait dans le petit lit, et il sciait les membres de leur corps, qui dépassaient. » D’après Diodore de Sicile : « Après cela, Thésée tua Procruste…» en lui faisant subir le même sort. En effet, Thésée, alors au début de sa carrière héroïque avant sa rencontre avec le Minotaure, se rendit dans la propriété de Procuste. Après le dîner habituel, Thésée força Procuste à s’allonger sur son propre lit et lui trancha la tête.

Symbole de la violence faite aux étrangers selon le commentaire que Xénophon met dans la bouche de Socrate, la légende de Procuste est devenue l’illustration de la tendance au conformisme et à l’uniformisation.

L’expression :

L’expression « lit de Procuste » parfois utilisée avec des verbes (« faire un lit de Procuste », « étendre sur un lit de Procuste ») désigne toute tentative de réduire les individus à un seul modèle, une seule façon de penser ou d’agir. Elle se rapporte à la tendance à tout uniformiser, à déformer et éliminer ce qui ne rentre pas dans le moule, à fixer une norme arbitraire et forcer à s’y conformer.

La référence à Procuste a parfois été utilisée dans l’Antiquité avec des connotations sexuelles, notamment dans L’Assemblée des femmes d’Aristophane. En matière de sexualité, un « lit de Procuste » désigne une position où les jambes d’un des partenaires dépassent du lit.

Exemples d’utilisation :

« La modestie est un lit de Procruste, où les géants sont tenus de se raccourcir pour ne pas scandaliser la foule des nains. » Jean-Antoine Petit

« Réduire mon étude aux dimensions que vous m’indiquez, c’est la mettre sur le lit de Procuste. Anonyme »

« Le tort de la Comédie-Francaise, c’est d’étendre ses acteurs sur un lit de Procuste, et de vouloir qu’ils aient tous même longueur, et qu’ils jouent de la même manière les mêmes pièces. On y fait ainsi des médiocrités insupportables, voilà tout »
Louis Désiré Veron – Revue de Paris – 1835

Un commentaire

  1. Merci beaucoup pour ce court discours au sujet « du Lit de Procuste » de cette merveilleuse mythologie grecque, qui pourrait être tellement interprétée à beaucoup de niveaux d’analogie et de compréhension….. même de nos jours qui n’ont rien d’antiques, mais de bien réels !!!

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