L’expression “avaler des couleuvres” est utilisée depuis le XVIIe siècle. Si elle comporte la double signification actuelle de “tout supporter sans se plaindre” et de “croire n’importe quoi”, plusieurs versions quant à son origine sont avancées.
Signification :
- subir un ou des affronts sans pouvoir protester ou s’y opposer;
- éprouver des difficultés sans se plaindre;
- croire n’importe quoi.
Origine :
Tout d’abord, le mot couleuvre a pour acception vieillie “insinuation malicieuse ou perfide” résultante supposée de l’association des anciens sens des mots “couleuvre” (tortueux, sinueux, faisant écho au comportement de l’animal ayant réussi à convaincre Eve de croquer la pomme) et couleur (fausse apparence). La similitude de sens et de forme entre les deux mots pourrait avoir susciter cette locution “avaler des couleuvres”.
Selon le linguiste Claude Duneton, l’expression serait née dans les cuisines, venant d’un comportement peu scrupuleux consistant à ajouter des couleuvres dans un plat d’anguilles, en particulier à une personne que l’on souhaitait sanctionner. Pas au fait de la supercherie, celui-ci avalerait ces couleuvres sans rien dire.
L’expression :
L’expression “avaler des couleuvres” existe depuis le XVIIe siècle, utilisée par Chateaubriand ou Mme de Sévigné, originellement avec le sens de “croire des choses mensongères, d’être berné”.
De la crédulité à la passivité contrainte, il n’y a qu’un pas. L’expression a peu à peu glissé pour signifier une humiliation subie, imputable à un rapport de domination, rapport hiérarchique ou rapport de force défavorable, obligeant à supporter tous les affronts ou toutes les humiliations sans broncher.
Citation :
“Le goût qu’il a pris pour elle lui fait avaler toutes sortes de couleuvres” Mme de Sévigné. Lettres -1676.