"noyer le poisson" : origine et signification

« Noyer le poisson » : origine et signification

Apparue au début du XXe siècle, l’expression « noyer le poisson » fait référence à une technique de pêche mentionnée un siècle plus tôt.

Définition :

Au sens premier :

  • Fatiguer un poisson pris à la ligne, avant de le tirer hors de l’eau.

Au sens figuré :

  • Semer le trouble chez quelqu’un pour lui faire oublier quelque chose ou l’embobiner;
  • Créer un sentiment de confusion en « noyant » dans les détails dans le but d’embrouiller quelqu’un;
  • Ne pas aborder un thème tabou ou un sujet difficile, le dissimuler sous un monceau de détails;
  • Ne pas répondre directement ou clairement à une question, éluder, changer de sujet.

Origine :

De prime abord, « noyer un poisson » semble impossible voire paradoxal, celui-ci respirant dans l’eau par les branchies ou ouvrant passivement la bouche tout en nageant. Ainsi, « noyer le poisson » équivaudrait à proposer de faire quelque chose d’impossible par nature et de ne pas répondre à une question.

Au début du XIXe siècle, « noyer le poisson » est une technique de pêche qui consiste à épuiser un poisson pris à l’hameçon en lui maintenant la tête alternativement dans et hors de l’eau. Le poisson, ne sachant plus quand ouvrir ses branchies, se fatigue et se laisse plus facilement attraper ou bien se noie, manquant d’oxygène.

« Il faut agir avec prudence, lasser, noyer le poisson, l’amener doucement ». M.A. Paulin Desormeaux – Les amusements de campagne (1822)

Pour d’autres, cette expression serait à rapprocher de l’expression « la sauce fait passer le poisson ». Noyé dans la sauce, on oublierait le goût du poisson; celui de la sauce prenant le dessus.

L’expression :

Apparue au début du XXe siècle, Alphonse Daudet a fortement contribué à populariser cette expression l’utilisant à différentes reprises dans son ouvrage l’Immortel (1888) dans un sens premier et métaphorique. Il s’agit de noyer son interlocuteur en prononçant un discours fleuve fourmillant de détails, termes techniques ou de citations. Au fil du temps, cette expression a pris un sens général d’éluder, d’esquiver ou de détourner une conversation.

« Une fois l’hameçon happé, bien ancré, l’académie ne s’occupe plus de son patient, elle le laisse s’agiter, barboter… voyons-toi, pêcheur quand tu as pris une belle perche, un brochet de poids et que tu files derrière ton bateau, comment appelles-tu ça, – Noyer le poisson ? » Alphonse Daudet – L’immortel (1888)

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