Les légendes : définition, origines et légendes marquantes

À l’origine, une légende (de l’adjectif verbal latin legenda signifiant « qui doit être lue ») était un récit mis par écrit, lu publiquement (hagiographies ou rédactions sur la vie de saints lues dans les monastères durant les repas ou dans les églises lors de la fête d’un saint). Celle-ci s’est d’abord imposée dans la tradition orale avant de s’ancrer dans la tradition écrite.

Au XVIe siècle, un glissement de sens s’est opéré, les hagiographes devant fournir de la matière pour alimenter le culte des saints, la légende est devenu un récit à caractère merveilleux, les faits historiques étant transformés par l’imagination populaire ou l’invention poétique. La légende diffère du mythe en ce qu’elle relève de faits réels transformés par la transmission orale. Une mythe est une construction de l’imagination. En cela,la légende est un récit qui mêle le vrai et le faux, le réel et le merveilleux. Fortement liée à un élément clé (un lieu, un objet, un personnage, une histoire, etc), la légende peut évoluer en mythe lors qu’elle perd en précision et s’oriente vers le mystique. La légende urbaine est une histoire moderne qui ressemble au mythe ​et qui se transmet surtout lors de discussions.​ Il s’agit, en quelque sorte, d’une rumeur ​ou d’un canular (la rumeur d’Orléans, la dame blanche, l’autostoppeuse fantôme).

Les origines des légendes :


Dans son Histoire des légendes, Jean Pierre Bayard énumère différentes théories relatives aux origines des légendes:

  • La théorie anthropologique (Henri Gaidoz, Wilhelm Mannhardt et Edward Tylor) postule que les légendes proviendraient de pensées humaines primitives, de restes de religions et de cultures élémentaires.
  • La théorie astrale ou naturaliste considère les contes et les légendes étiologiques comme divinisant les grandes manifestations de la nature.
  • La théorie mythologique attribue la création des contes à l’enfance préhistorique de la patrie (Grimm), à un naturalisme enfantin (Angelo De Gubernatis) ou à la conscience individuelle du peuple qui ajoute aux légendes créées une signification religieuse (Schelling).
  • La théorie linguistique considère que les légendes sont issues de la transmission de récits entre différents peuples empruntant les mots à d’autres cultures, les déformant, ce qui en obscurcit le sens primitif originel et donne naissance à de nouveaux récits.

Quelques légendes célèbres :

Tristan et YseultNée au cœur de l’Occident médiéval au XIIe siècle, l’histoire met en scène Tristan et Yseult la Blonde, fille du roi d’Irlande, que Tristan est parti chercher pour que son oncle l’épouse. Sur le chemin du retour, ils boivent par erreur le philtre d’amour destiné aux futurs mariés. Le roi Marc épouse Yseult, mais celle-ci continue à voir Tristan en cachette. Tristan s’enfuit avec Yseult. Au bout de trois ans, la magie du philtre s’éteint et Tristan souhaite rendre Yseult au roi Marc qui pardonne aux amants et reprend sa femme, mais bannit Tristan qui se marie avec une autre Yseult : Yseult aux blanches mains.
Quelques années plus tard, Tristan se blesse grièvement et demande à son ami d’aller chercher Yseult la blonde, seule à pouvoir le sauver. Avec son ami, ils mettent en place un code : si Yseult accepte, la voile du bateau sera blanche, si la voile est noire cela veut dire qu’elle n’accepte pas et qu’elle n’est pas sur le bateau. Au retour du bateau, Yseult aux blanches mains (sa femme), jalouse, lui dit que la voile est noire, alors qu’elle était blanche. Tristan se laisse mourir de chagrin. Yseult arrive plus tard et, voyant le corps de son bien aimé, elle s’allonge à ses côtés et se laisse mourir à son tour, emportée par l’amour.
La bête du GévaudanLa Bête du Gévaudan est le surnom attribué à un canidé monstrueux à l’origine d’une série d’attaques mortelles contre des humains, survenues entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767 dans le nord de l’ancien pays du Gévaudan (Lozère).
La Bête du Gévaudan dépassa rapidement le stade du fait divers et donna naissance à une véritable légende mêlant le châtiment divin à la créature fantastique entre homme et animal (loup-garou), même si la majorité des historiens identifie la Bête à un ou plusieurs loups.
L’abbaye hantée de MortemerL’abbaye de Mortemer serait réputée hantée par une « Dame Blanche » depuis plusieurs siècles. Mathilde l’Emperesse, fille d’Henri Ier d’Angleterre, aurait été traumatisée à l’idée de partir vivre à l’étranger et serait revenue hanter l’abbaye de sa jeunesse après sa mort.
Le krakenDans la mythologie scandinave, le Kraken est une sorte de poulpe géant agressif qui attaque les marins et emporte leurs navires au fond des océans. Il serait né d’observations de marins ayant observé des calmars géants à la surface de l’eau. Les calmars géants faisant une dizaine de mètres de long, lorsqu »il remonte à la surface, il ferait forte impression.
Rachel et JacobCette histoire d’amour issue de la Bible raconte la romance de Jacob et Rachel. Jacob est le petit-fils d’Abraham et de Sarah. Après s’être enfui de chez lui, il se rend chez son oncle Laban qui a deux filles, l’aînée Léa et la cadette Rachel. Rachel est une véritable beauté et Jacob en tombe immédiatement amoureux et cet amour est aussitôt réciproque. Mais Jacob n’ayant pas d’argent ne peut épouser Rachel. Il est donc contraint de passer un marché avec son oncle : il devra travailler pour lui durant 7 années avant de pouvoir recevoir Rachel pour épouse. Jacob est tellement amoureux qu’il ne voit pas passer le temps et arrive le jour de la noce. Le soir, il attend sa belle dans la chambre mais découvre avec effroi le matin que c’est Léa qui se trouve à ses côtés et non Rachel. Jacob part à la recherche de son oncle qui lui explique qu’il a du mal à trouver un fiancé pour Léa et qu’il consentira à lui céder la main de Rachel si Jacob accepte de travailler à nouveau pour lui pendant 7 ans. Le malheureux accepte à nouveau, tant il est amoureux de Rachel. Sept ans plus tard, les deux amoureux s’unissent enfin et Rachel accouche d’un premier, puis d’un deuxième enfant mais elle meurt en couche. La douleur de Jacob est telle qu’il décide de construire un monument sur la tombe de sa bien-aimée afin de transmettre aux générations futures la force de leur passion.
Le monstre du Loch NessL’Écosse est réputée pour ses légendes de monstres évoluant dans les eaux profondes des rivières et des lochs. Ces créatures aquatiques sont des dragons des eaux celtes qui gardaient jadis le trésor de chefs enterrés dans le loch, des kelpies ou « chevaux des eaux », qui ont la particularité de noyer les voyageurs imprudents. La légende du monstre pourrait également avoir pour origine un récit hagiographique, la Vita Columbae qui raconte un miracle de saint Colomba, un moine irlandais. En 565, il aurait sauvé l’un de ses disciples d’une mort certaine alors qu’il tentait de traverser le lac à la nage pour ramener une barque échouée : un épouvantable monstre fit brusquement surface et se précipita sur lui, « avec de grands rugissements et la gueule ouverte ». Saint Colomba fit un signe de croix et invoqua la puissance de Dieu, en criant au monstre de ne pas toucher le malheureux, ce que fit « an Niseag » (nom celte de Nessie). Les récits mythologiques et les témoignages sur la présence d’un monstre ont pu s’accumuler en raison de la présence dans le loch d’une couche thermique d’inversion à l’origine de mirages à la surface du lac, de vagues sans vent qui peuvent faire dériver à contre-courant un tronc d’arbre, donnant l’impression d’un long sillage créé par une créature qui nage en remontant ce courant.

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