« Le Diable est dans les détails » : origine et signification

L’expression « le Diable est / se cache / niche dans les détails » souligne l’importance des détails pour parfaire une réalisation ou une oeuvre; les négliger faisant courir le risque de déconvenue ou d’échec retentissant.

Signification :

  • oublier ou négliger les détails peut avoir un « effet diabolique » en faisant échouer un projet;
  • une faute dans un détail peut compromettre tout un ensemble;
  • les détails (tels des grains de sable) peuvent causer des ennuis importants;
  • l’essentiel se loge dans les détails auxquels il faut accorder une attention maximale.

Origine :

D’usage courant en allemand (« Der Teufel steckt im Detail » citée par Friedrich Nietzsche), l’expression « Le Diable est dans les détails » est la version opposée de l’expression « Dieu est dans les détails » prêtée à Saint-Thomas d’Aquin, Gustave Flaubert ou à l’architecte allemand du Bauhaus Mies van der Rohe.

Dans la première expression, on insiste sur le fait que négliger certains détails d’importance peut avoir un effet « diabolique », dans le sens de pernicieux, mauvais, catastrophique plus que dans le sens religieux (« inspiré par le mal »).

Cela renvoie à l’équivoque du détail et à ce qui est essentiel et accessoire. Pour les uns, tout détail est sacré et a son importance. Ceci est évoqué par Pierre Oser Soussouev : « Dieu est plein de détails ». « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail » dit Léonard de Vinci dans ses Carnets. Pour les autres, « Dieu n’entre pas dans les détails! Les détails, il les abandonne à la créature, pour que la demi-liberté de l’homme trouve à s’employer » (Vladimir Jankélévitch) ou encore « Nous devrions garder la couleur de la vie, mais ne jamais nous souvenir des détails. Les détails sont toujours vulgaires » (Oscar Wilde). S’attacher au détail ferait perdre la vue d’ensemble et le mieux serait l’ennemi du bien.

L’expression « le Diable est dans les détails », en mettant en garde quand à l’importance à attacher au moindre détail, pousse ainsi à rechercher la perfection ou l’exhaustivité. Ce qui prend tout son sens en matière juridique, dans des écrits très détaillés avec notes de bas de page ou références bibliographiques, en matière artistique ou dans des disciplines scientifiques appliquées telles que l’architecture, la construction ou autres nécessitant une forte attention au détail.

En définitive, si pour certains « pinailler sur du détail, chercher la petite bête, être trop pointilleux » est contre-productif; pour les autres, « sans le soin apporté aux détails », une réalisation court à l’échec, la catastrophe. Dans les deux cas, cela nécessite de faire la part de l’essentiel et de l’accessoire, de s’attacher au détail essentiel et non superflu; au risque de tomber dans le cercle vicieux de l’ultra-perfectionnisme, source d’insatisfaction permanente, d’impuissance et d’inaction.

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