avoir le diable au corps

« Avoir le diable au corps » : origine et signification

Remontant au XIVe siècle, l’expression « avoir le diable au corps« , une des nombreuses expressions formées avec le mot « diable », comporte des acceptions différentes pouvant susciter des sentiments diamétralement opposés.

Signification :

  • Se dit d’une personne qui montre beaucoup d’activité, de verve, d’entrain.
  • Être méchant, furieux.
  • Avoir des valeurs amorales.
  • Se laisser emporter par les passions charnelles.

Origine :

Autrefois, on attribuait au diable des pouvoirs extraordinaires, surhumains et maléfiques. La notion de “diable au corps” que l’on rencontre au Moyen-Age s’appuie sur le récit de gesticulations incontrôlées telles que la “danse de Saint Guy” ou le tarentisme (technique chorégraphique et musicale dédié à la catharsis de crise psychique). L’idée ancienne d’une possession diabolique sera renforcée au cours du XVIe siècle par l’introduction de danses en couple, telles que la gaillarde ou la volte, qualifiées de “sauvagerie” ou de “diablerie”.

Dès le XVIe siècle, les locutions « avoir le diable au corps » et « avoir le diable au ventre » désignent au sens figuré une personne très vive, déployant une énergie et une vivacité surhumaine, une activité intense. Au XVIe siècle, on dira aussi « avoir le diable au/à dos » dans le sens d' »agir avec emportement et passion ». De la même façon, l’expression « avoir le diable au corps » qualifiera une personne emportée par ses passions et au delà une personne ayant des valeurs immorales, méchante, prête à jouer de mauvais tours. Elle désigne aussi un enfant très agité et inventif en terme de bêtises…

Dans les années folles, l’expression va prendre une nouvelle tournure. En 1923, paraît chez Grasset le roman de Raymond Radiguet « le Diable au corps ». C’est l’histoire d’une initiation d’un garçon de seize ans qui va connaître l’amour en 1918 avec une femme plus âgée que lui, mariée à un soldat qui risque sa vie au front durant la Première Guerre mondiale. La jeune femme, mourra, laissant derrière elle un enfant, le fils du narrateur, que le mari de celle-ci élèvera comme son fils, n’ayant pas su l’infidélité de sa femme. Cette œuvre va marquer les esprits, l’auteur mort à l’âge de 20 ans abordant des thèmes sensibles tels que la passion, la trahison, le scandale, la parentalité, l’adultère, les doutes amoureux. L’expression prend ainsi une connotation sensuelle et érotique, le corps étant assimilé à la chair et le démon au désir. L’adaptation au cinéma en 1947 du roman de Raymond Radiguet par Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe et Micheline Presle va susciter un tollé pour exaltation de l’adultère et antimilitarisme et marquer l’immédiat après-guerre, installant le caractère subversif de cette expression. Elle va ainsi s’appliquer à une personne mue par ses seules passions charnelles.

En définitive, l’expression « avoir le diable au corps » peut tout autant signifier « avoir une énergie débordante, un comportement turbulent (pour un enfant) voire méchant ou se laisser emporter par ses passions charnelles » et susciter des sentiments opposés tels que l’admiration, l’envie, l’étonnement, la réprobation ou la condamnation.

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